Paula Dumont, pour l'amour des femmes

 Paula Dumont est une autrice remarquable qu'il faut avoir lu au moins une fois dans sa vie pour prétendre s'intéresser à la culture gay. D'abord parce que c'est une ardente défenseuse des LGBTQ, ensuite parce que, malgré son parcours courageux, elle a toujours tenté de mettre la lumière sur ces femmes au destin caché, volé, oublié, enfin parce que Paula a une plume magnifique qui nous enchante à chacun de ses ouvrages. Elle nous fait l'honneur de répondre à nos questions.



Culture Gay : Bonjour, peux-tu présenter pour les lecteurs de Culture Gay ?

Je m’appelle Paula Dumont. Après avoir été professeure de lettres pendant 39 ans, j’ai pris ma retraite en 2006. Je profite de ma liberté pour écrire les livres lesbiens que j’aurais aimé trouver quand j’étais adolescente alors qu’il n’en n’existait aucun à ma connaissance. J’ai vécu ma jeunesse dans le désert des années 60.


Paula Dumont

Culture Gay : Quels sont les thèmes de tes romans ? Pourquoi écris-tu ? Quels sont tes sujets dinspiration ?

Mes deux premiers ouvrages sont autobiographiques. Dans le premier, Mauvais Genre, je réfléchis à ce qui a pu m’amener à l’homosexualité. Dans le deuxième La Vie dure, je raconte un épisode amoureux, à savoir comment l’adolescente qui m’avait quittée pour se marier à dix-huit ans ans est revenue à moi vingt ans plus tard. Le livre suivant,Lettre à une amie hétéro, traite de l’homophobie. J’ai aussi publié un conte philosophique, Le Règne des femmes et une étude sur mon autrice de prédilection, Les convictions de Colette. J’ai rédigé une autobiographie où je raconte toute mon existence. Enfin, je me suis mise à la recherche d’ouvrages lesbiens. C’est ainsi que j’ai publié quatre livres où l’on trouve, résumés et commentés, mille livres lesbiens et une cinquantaine d’ouvrages féministes susceptibles de les éclairer.


Culture Gay : Quel est ton rapport à l’homosexualité, à la lutte contre les LGBTQphobies ?


Je suis née en 1946, au lendemain de la Deuxième guerre mondiale. A cette époque et jusqu’en 1968, on ne parlait pas d’homosexualité, on ne lisait rien à ce sujet, tout était dissimulé. C’était le silence complet. Certes, ce n’est plus le cas aujourd’hui et Internet lève sans doute de nombreux obstacles. Il n’empêche que contrairement à ce que pense la plupart des gens, la découverte de sa propre homosexualité au cours de l’adolescence est toujours vécue de manière douloureuse. Autour de moi, j’entends des jeunes de 16 ou 17 ans qui ne savent pas à qui se confier, qui souffrent de l’incompréhension de leur famille (quand leurs parents ne les jettent pas à la rue) et qui n’ont autour d’eux que des exemples désastreux de gays et de lesbiennes. Il m’a donc paru urgent de recenser une grande variété de livres qui traitent du lesbianisme. J’ai ainsi constitué une bibliothèque de mille ouvrages lesbiens où l’on peut puiser afin de se faire une idée de la variété des homosexualités. Je rappelle que les gays bénéficient d’une Bibliothèque gay idéale, sous la direction de Thierry Goguel d’Allondans et Michaël Choffat. Avec les quatre tome d’Entre Femmes, on dispose d’un dictionnaire d’ouvrages lesbiens en langue française.



Culture Gay : Quels sont les livres que tu recommandes et ceux qui tont le plus inspiré ?

Il est difficile de faire un choix parmi ces mille ouvrages. Je retiens surtout les classiques, Le pur et l’impur de Colette, Orlando de Virginia Woolf, Olivia d’Olivia (pseudonyme de Dorothy Bussi), Le rempart des béguines de Françoise Mallet-Jooris, Le puits de solitude de Marguerite Radclyffe Hall et Carol de Patricia Highsmith.


Culture Gay : Quels sont tes projets artistiques ?

On comprendra qu’après avoir passé plusieurs années à ne rechercher et lire que des ouvrages lesbiens, ce qui est un acte militant, j’aie envie de souffler et de me reposer. En ce moment, je lis des ouvrages historiques, des romans, bref ce qui me tombe sous la main. Sans doute reviendrai-je au lesbianisme, mais je ne sais ni quand ni comment. Je constate avec plaisir que cinq jeunes chercheuses viennent de publier un ouvrage de réflexion sur la littérature lesbienne, Ecrire à l’encre violette, ce qui me rassure. Ces jeunes doctorantes reprennent le flambeau en approfondissant ce que je n’ai qu’ébauché. Je leur en suis reconnaissante. A bientôt soixante-seize ans, je fais moins de projets qu’à soixante…


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